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Des caps, des baies, des rochers nus et du sable ; de loin en loin, au sommet d’un promontoire, les débris d’une tour moresque : tel est le coup d’œil que présente cette côte inhospitalière jusqu’à Nemours.

Nemours — village fortifié au fond d’une anse de sable, peuplé d’Espagnols, de Français et d’Arabes. À la cîme d’un promontoire, du côté Est, un ancien château-fort qui s’écroule. Sur la grève, une caravane défile lentement : dix chameaux dessinent leurs silhouettes difformes sur le front vert d’un petit bois de palmiers.

Beni-Saf — tout petit port cerclé de montagnes géantes. Deux steamers y chargent du minerai de fer, que des trains apportent de l’intérieur et que des ascenseurs descendent au bord de la mer.

Oran — capitale de la province du même nom, ayant une population de 50 000 âmes et grandissant beaucoup.

Je ne connais pas au juste l’étymologie d’Oran ; mais ce nom doit lui venir de la teinte dorée dont est revêtu tout ce qui la compose. Le sol, les rochers, les murailles, les édifices, tout est jaune comme du vieil or ; et si les indigènes se lavaient plus souvent ils auraient également le teint doré.

Oran est une ville très pittoresque et accidentée. Ici, elle se prélasse sur la grève, au fond d’une baie d’azur ; là elle escalade une montagne ; ailleurs elle se cache dans la profondeur d’un ravin, plus loin elle s’étend à son aise sur de vastes plateaux. Ses rues sont tantôt larges comme des boulevards, tantôt étroites comme des corridors, tortueuses comme des impasses, et raides comme des échelles.