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ii

ALGER

Le littoral. — Oran. — Blidah. — Les gorges de la Chiffa et les singes. — La rade d’Alger. — Son climat. — Les mosquées. — Dévotion des musulmans. — Les églises catholiques. — Notre-Dame d’Afrique. — L’absoute des naufragés. — Les Aïssaouas. — Les sacrifices de coqs. — La trappe de Staouéli. — Le jardin d’Essai. — Histoire.

Le steamer Manoubia semble avoir, comme nous, quelque peine à se détacher de l’Espagne ; car il revient de Tanger à Gibraltar et Malaga, et c’est de cette dernière ville qu’il dirige sa course vers la côte africaine.

Le temps est beau, et la mer clapote légèrement sur les flancs du navire, qui s’incline sous un souffle frais venant de l’Est. La nuit vient, et le ciel se couvre d’étoiles que je ne reconnais pas ; c’est que nous avons bien changé de latitude.

Dès l’aurore, nous arrivons à Melilla, prison espagnole perchée sur un rocher sauvage et entourée de fortifications. C’est le grand pénitencier de l’Espagne élevé, comme une menace, sur une côte déserte de l’ancien pays des corsaires.

Le vent est devenu violent, et la vague grossie nous force à lever l’ancre. Nous longeons le littoral africain dont l’aspect en cet endroit est désolé. C’est une chaîne de montagnes servant de barrière à la mer et à la civilisation, sans habitations, sans culture, sans gazon vert.