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beaux, comme les rayons d’une bibliothèque. D’un côté sont les rois, et les reines qui ont régné seules, et de l’autre les princes et les reines qui n’ont pas régné. C’est riche, mais simple et lugubre ; tous les cercueils sont en bronze, et parfaitement uniformes.

Cette uniformité de sépulture a sans doute pour objet de rappeler l’égalité dans la mort ; mais la doctrine de l’égalité, prise dans un sens absolu, est fausse, même au-delà du tombeau. Les bons rois ne sauraient occuper dans l’autre vie la même place que les mauvais ; et, qui osera soutenir que Charles-Quint n’est pas plus vivant, dans la mémoire des hommes, que ses successeurs qui dorment à ses côtés ?

Car c’est là qu’il repose, le souverain illustre qui a exercé sur les destinées du monde une si puissante influence, et il faudrait être bien insensible pour contempler sans émotion le cercueil qui renferme ses restes glorieux. Le sacristain nous affirme que son corps est parfaitement conservé, que ses ongles et ses cheveux ont continué de croître, pendant quelque temps, dans la tombe.

Là dorment aussi de leur dernier sommeil l’impératrice Isabelle, épouse de Charles-Quint, Philippe ii leur fils, et Anne sa femme, Philippe iii et Marguerite, Philippe iv et Elizabeth de Bourbon, Charles ii, Charles iii, Charles iv et Ferdinand vii.

En sortant du Panthéon, nous entrons dans la sacristie, qui est très belle, bien éclairée, ornée de tableaux et de bas-reliefs, et qui contient les plus précieux reliquaires. Nous retraversons l’église, autour de laquelle nous