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Vous me demanderez peut-être pourquoi la femme Arabe est soumise à ce régime de réclusion. La réponse est facile : c’est le christianisme qui a émancipé la femme, et elle est esclave partout où il n’est pas.

M. de Maistre a dit : « Il faut à la femme ou quatre murs ou les quatre évangiles ». Les Musulmans repoussant les quatre évangiles ont recours aux quatre murs.

Il n’y a pas de doute que les quatre évangiles valent mieux, et que la femme chrétienne doit s’estimer heureuse d’avoir échappé aux quatre murs.

Mais qu’elle y prenne garde ! Les hommes seraient capables de l’y ramener, si elle s’affranchissait des quatre évangiles.

Au surplus, l’Arabe est jaloux, et n’a aucune confiance dans les femmes.

C’est le résultat naturel de la volupté, que le mahométisme favorise et développe. La polygamie démoralise et avilit la femme, et plus l’Arabe resserre les murs de sa prison, moins il doit compter sur sa fidélité.

Cet emprisonnement perpétuel qu’on lui impose l’irrite, et, quoiqu’elle n’en comprenne pas très clairement l’injustice, elle en tire deux conclusions également mauvaises : la première, c’est qu’elle est faite pour le seul plaisir de l’homme ; et la seconde, c’est que la morale consiste uniquement à ne pas franchir les murs de sa maison. Si donc, c’est un homme qui les franchit pour arriver jusqu’à elle, elle n’y voit pas de mal.

L’Arabe le plus civilisé, qui a visité l’Europe, et qui peut causer politique, littérature et beaux-arts, n’accorde pas plus de liberté aux femmes que les autres. Il donne