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les questions d’un mot ou d’un geste. Mais parmi ces gestes il y en a un qui est lugubre : il signifie l’ordre de trancher la tête. Or, comme le bourreau est dans la salle, il va immédiatement exécuter la sentence dans une cour du palais.

Ce procédé sommaire évite au gouvernement les ennuis d’une commutation de peine.

Sur un autre signe, le bachamba crie : « El Afia ! » La Paix ! et la séance est levée.

Lorsque nous avons vu le pacha de Tanger, il n’agissait pas comme juge, mais comme gouverneur, et il donnait audience à ceux qui venaient lui apporter le tribut, et lui présenter des requêtes.

Sous un grand portique à colonnes de marbre, Son Excellence est étendue sur un divan, entourée des grands de sa cour ; et ceux qui ont des pétitions à présenter attendent à la porte qu’on leur fasse signe d’approcher. Au signal donné, ils ôtent leurs chaussures, et vont s’agenouiller sur une natte aux pieds du pacha. Celui-ci écoute leurs demandes qui sont toujours très brèves, et il répond d’un air ennuyé tantôt par quelques mots, et tantôt par un simple signe.

Cette cérémonie nous paraît bientôt manquer de variété, et nous nous acheminons vers le harem. Il va sans dire que je n’y fus pas admis, mais il fut permis à mes compagnes de voyage d’y pénétrer, et même d’y causer par signes avec celle des femmes du harem que l’on considère comme la femme légitime.