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de 7 à 8 mesures ; c’est une espèce de ronde très bizarre et d’une monotonie désespérante.

Enfin, dans une chaise en maroquin rouge, solidement attachée sur un mulet, est assis le pauvre enfant qu’on va circoncire. Il paraît avoir deux ans, et sourit pendant que des marabouts marchant à ses côtés l’éventent avec des fichus et des voiles de couleurs voyantes.

De temps en temps, la procession fait halte, et les carabiniers nous donnent le spectacle d’un fantasia. Huit d’entre eux font quelques bonds en avant comme des chevaux qui prennent l’épouvante ; puis, tout-à-coup, les quatre premiers se retournent en faisant décrire un cercle à leurs carabines, et, faisant face aux quatre autres qui les suivent, ils rompent leurs lignes dans un chassé-croisé ressemblant au quadrille, mais avec des élans de tigres. Alors, poussant de grands cris, ils bondissent, et tournant brusquement le canon de leurs carabines vers le sol ils les déchargent dans le sable.

Cette fantasia est curieuse et terrible à voir. Elle suffit à faire deviner quels redoutables guerriers doivent être ces Arabes quand on a réussi à les fanatiser.

Ne pouvant suivre la procession jusque dans la mosquée, dont l’entrée est strictement interdite aux chrétiens, nous nous rendons au palais qui s’élève à côté.

Le gouvernement du Maroc est une monarchie absolue, la plus absolue qui existe, et l’empereur, qu’on nomme sultan et qui n’a pas même un Conseil de ministres,