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À MA FILLE



C’est à toi, ma chère et intrépide compagne de voyage, que je dédie ces pages consacrées à un petit coin du continent mystérieux.

Partout tu m’as suivi dans mes courses aventureuses, non seulement à travers cette Espagne pittoresque que tu as admirée encore plus que moi, mais encore sur les flots bleus de la Méditerranée que nous avons sillonnés en tous sens, aux rives montagneuses du Maroc et de l’Algérie, dans les jardins et les bosquets de Blidah comme dans les gorges dénudées du Chabet-el-Akra, dans les bazars de Tunis et dans les ruines de Carthage, parmi les douars des tribus nomades, et jusqu’au milieu des oasis du Grand Désert.

Tu n’as redouté ni les traversées orageuses sous le souffle effréné du Levantin, ni les ascensions à dos d’âne dans les escarpements des montagnes, ni les courses de nuit en diligence dans les plaines désertes que sillonnent les caravanes, ni les courses de jour dans les sables sans bornes, sous un soleil de plomb.

Ces contrées barbares que tu avais entendu nommer si souvent par les Anglais, Dark Continent, ces populations Berbères, Arabes, Kabyles et Nègres, dont les habitations, les coutumes, les mœurs, le langage, la religion sont si étranges, cette vie orientale et primitive dont la description semble légendaire, tout cet horizon