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« Mais où seront, mon Dieu ! tous ceux qui, les yeux pleins de larmes, me firent leurs adieux, il y a déjà tant d’années ? Je continuerai à avancer dans la vallée ; elle, je la reconnaîtrai, mais non ses habitants. Sera-t-il alors entre les douleurs une douleur plus grande que la mienne ? Les gens réunis sous le porche de l’église, pour attendre le moment d’entrer à la messe, s’approcheront de la rampe qui donne sur la chaussée, d’autres se mettront aux fenêtres, tous pour voir passer l’étranger, et ni eux ne me reconnaîtront, ni moi je ne les reconnaîtrai ; car ces enfants, ces jeunes gens, ces vieillards, ne seront ni les vieillards, ni les jeunes gens, ni les enfants que je laissai dans ma vallée natale » !

Terminons par ce chant plaintif l’esquisse absolument incomplète que nous venons de faire de la littérature espagnole. Il nous semble imprégné du sentiment général qui la caractérise : l’amour du sol natal et de la religion.