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Le même jour, en un doux repos, certain roi rêvait qu’il était un simple villageois, et sa joie en était si grande qu’il se croyait l’homme le plus heureux du monde.

En se réveillant, tous les deux s’écrièrent : — « Songe trompeur ! pourquoi faut-il que dans cette vie les peines soient des choses réelles, et que la félicité et le plaisir ne soient qu’un rêve ? »

Ces trois fables font connaître l’homme, et la morale qu’il prêche. Nous est avis qu’il ressemble à l’olivier modeste qui, en produisant l’huile, fournit aux hommes une lumière douce et discrète.

Nous avons déjà cité une page d’un autre poète également modeste, don Antonio de Trueba

Il est le poète et le conteur des Biscayes, comme Fernan Caballero est le romancier de l’Andalousie. Tous deux affectionnent le genre pastoral, et décrivent les mœurs des campagnards dans des idylles charmantes. Tous deux ont le respect de la morale et de la religion.

Trueba fait aussi des fables et des chansons. C’est le vrai chanteur populaire, mais pas à la façon de Béranger qui a tant outragé la morale.

Il est né de simples laboureurs dans un hameau des Biscayes, et ce sont les vallées et les montagnes de son pays natal qu’il décrit toujours dans ses nouvelles.

À quinze ans, il fut envoyé à Madrid, pour servir de commis chez un parent quincailler ; mais tout en débitant de la quincaillerie derrière son comptoir, il lisait beaucoup ; puis il suivit les cours universitaires et prit ses degrés. Une nuit sur deux était consacrée à l’étude.