Page:Routhier - À travers l'Espagne, lettres de voyage, 1889.djvu/317

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 318 —

vierge, du guerrier, de tout ce que le monde entier renferme de héros, je leur donne à tous une récompense, une palme. »

« — J’en conviens, dit l’olivier, mais ce n’est pas une raison pour que tu mettes ta joie et ton orgueil à me mépriser. Car, si humble que je sois, je produis l’huile, et j’éclaire les autels du Dieu vivant. Qu’y fait-on alors de ce que tu appelles ta chevelure ? Pour t’apprendre ce que vaut ta présomptueuse vanité, sache, mon fils, que mon huile y brille le jour et la nuit, et qu’au rayon du jour naissant je vois le sacristain se servir de ces palmes que tu vantes si fort, pour balayer le temple. »

N’ayez point d’orgueil ; c’est un vice que ma fable flétrit avec raison. Dieu, qui élève le mortel humble et modeste, confond l’insolent et le superbe.

LE MÉRITE ET LA FORTUNE.

Cheminant de jour et de nuit avec une impitoyable ardeur, le Mérite et la Fortune se rencontrèrent une fois. Et tous deux de dire alors en même temps : — « Qui donc a pu nous réunir ainsi dans une fraternelle étreinte ? » — Le Hasard les entendit, et en riant leur cria : C’est moi.

LE RÊVE DU ROI ET CELUI DU VILLAGEOIS.

Un villageois dormait, et pendant son sommeil rêvait qu’il était roi, et la joie que lui donnait ce rêve était si grande, qu’il se regardait comme l’homme le plus heureux du monde.