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La fable est un genre littéraire que les Espagnols affectionnent beaucoup, et les écrivains qui le cultivent ne manquent pas.

C’est ainsi qu’ils possédaient, il y a peu d’années, un fabuliste dans le Sénat, un autre au Congrès, et un troisième à l’Académie.

Celui dont je veux parler n’appartient à aucun de ces corps illustres, et il n’écrit que des fables ; mais il y réussit d’une façon remarquable, et il sait approprier ce genre de composition aux mœurs et aux idées de son temps et de son pays.

Il se nomme don Miguel Agustin Principe ; et, comme sa vie a été modeste, elle est très peu connue. Entré dans la carrière administrative, il a dû subir plus ou moins le mouvement des fluctuations de la politique espagnole ; mais son talent est resté noble, honnête, élevé.

Citons quelques-unes de ses fables :

LE PALMIER ET L’OLIVIER.

Vain, orgueilleux, hautain et fier, un beau palmier livrait au vent son panache pompeux et méprisait un humble olivier, parce qu’il n’avait pas son arrogante chevelure.

« — Regarde mes tresses, lui disait-il, et meurs d’envie, en voyant avec quelle ardeur l’homme les recherche, pour peu qu’il désire éterniser son nom. Pendant qu’avec tes feuilles et tes maigres rameaux, tu ne lui fournis que du bois pour son foyer, moi, rival du laurier d’Apollon, je survis aux rudes outrages du temps, et animant à l’épreuve les âmes ardentes du martyr, de la