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Il lève les yeux, tremblant,
Vers le bois noir, recouvert
Par le corps du grand Christ blanc,
Du grand Christ au flanc ouvert,

Et dont le front, écorché
Par l’épine le ceignant,
À chaque pointe accroché
Laisse un clair rubis saignant.

Il dit, pliant les genoux :
« Jésus, plein de vérité,
Comme témoin devant nous,
Ce matin tu fus cité.

Fils de Marie et de Dieu,
Qui parmi les hommes vins,
Fais-tu serment qu’en ce lieu
Un jour à tes pieds divins,

Ce don Diego Martinez
En échange d’un baiser
Prit pour fiancée Inès
Et jura de l’épouser…… ?

Mais un grand cri de stupeur
Monte, — car tous ont ouï,
Pris d’une indicible peur,
Une voix répondant ; Oui !…

Et le grand Christ brusquement
Tendant son bras décloué,
Afin de prêter serment
A levé son poing troué !……

Après Zorilla qui représente éminemment la poésie lyrique et dramatique, disons quelques mots des fabulistes de l’Espagne.