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Il y a Ventura de la Vega, Rubi, Equilaz, Serra, Nunez de Arce, et d’autres encore. Il y a aussi les poètes comiques, qui raillent et châtient les ridicules et les défauts de la société, et dont les principaux sont Eusebio Blasco, Ramos Carrion, Cano, Graspar, et Ricardo de la Vega.

J’oubliais Zorilla, non pas l’homme politique, mais le poète qui est une des gloires de l’Espagne, et dont je viens de lire une poésie très belle.

Don José Zorilla est vraiment un grand poète, lyrique et dramatique. Il a eu la vie aventureuse, la précocité, et presque les succès des illustres ancêtres du seizième siècle.

Il est né en 1817, et il a étudié dans les universités de Valladolid et de Tolède. De 1837 à 1845, il a écrit trente pièces de théâtre, et plusieurs volumes de poésies lyriques, qui témoignent d’une inspiration élevée, et d’une verve inépuisable.

Malgré ses succès, il ne fit pas fortune, et son père ayant été ruiné par la guerre des Carlistes, il alla à Paris pour y publier une grande épopée, sous le titre de « Grenade ». Mais après deux années de travail et deux volumes publiés, il dut abandonner l’entreprise qui resta inachevée, et il partit pour le Mexique.

Les Mexicains l’accueillirent avec enthousiasme, et il passa douze ans au milieu d’eux. L’empereur Maximilien avait promis d’assurer son avenir ; mais l’avenir manqua au malheureux empereur, et Zorilla revint en Espagne pour y recommencer la vie.

Hélas ! il était devenu vieux et on l’avait un peu oublié. Mais après de nouveaux travaux, le gouver-