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distinguant par certaine originalité native dans le dialogue, sont des échos tantôt des classiques et tantôt des romantiques français.

D’autres ont plutôt subi l’influence de la littérature anglaise, et nous ne pouvons que nommer les plus remarquables : Pastor Diaz, Garcia Guttierrez, Castro y Arozco, Espronceda, Bermudez de Castro, et don Angel de Saavedra, duc de Rivas.

Ce dernier, tout en imitant quelquefois Walter Scott, n’a pas oublié les anciens maîtres espagnols, et il a écrit en vers des légendes qui rappellent, ou plutôt qui continuent le Romancero.

Le duc de Rivas a écrit aussi pour le théâtre avec beaucoup de succès, et son drame, la Fuerza del Sino, est peut-être le plus beau que l’Espagne ait produit dans ce siècle. Verdi en a tiré son bel opéra, la Forza del Destino, comme il a tiré Il Travatore d’un chef-d’œuvre espagnol, le Trovador de Garcia.

Nous n’en finirions pas si nous voulions faire pour la littérature espagnole contemporaine une étude même rapide des œuvres remarquables qu’elle a produites. Nous en serions d’ailleurs incapables puisque les traductions font défaut.

Disons seulement que depuis un demi-siècle le génie littéraire de l’Espagne s’est réveillé, et a enfanté des chefs-d’œuvre dans tous les genres.

Quel pays n’envierait pas à l’Espagne du dix-neuvième siècle un philosophe comme Balmès, des orateurs comme Donoso Cortès et Emilio Castelar, des poètes dramatiques comme le duc de Rivas, Tamayo, qui signe