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Dans la scène suivante, Diego veut apprendre à sa femme comment on vit dans le beau monde, et comment on doit entendre l’honneur.

Diego.

Marica, en attendant que les enfants viennent, je tiens à te prévenir, entre nous, qu’il nous faut changer de vie. Nous voilà riches. Moi, qui depuis dix ans ne fais qu’aller et venir sur le chemin de Madrid, je connais le monde, et je prétends que nous vivions en gens raisonnables, en gens comme il faut, en gens à la mode.

Marica.

Rien de plus juste, et dès aujourd’hui je t’autorise à m’acheter une robe de soie et une parure de diamants.

Diego.

Cela va sans dire, et j’ai déjà commandé pour moi deux habits galonnés d’or et d’argent. Mais ceci est un brillant que les marchands et les tailleurs peuvent donner seulement aux corps. Je te parle, moi, de l’honneur qui doit nous mettre en crédit.

Marica.

L’honneur ! J’en ai de reste……

Diego.

Mais c’est un honneur grossier, de l’honneur de paysan, ma chère. Celui-là garde-le bien au fond de ta conscience. Je parle d’un autre honneur qui, moins il se montre, plus il attire les applaudissements du peuple.