Page:Routhier - À travers l'Espagne, lettres de voyage, 1889.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 31 —

l’immobilité de la contemplation, la mort, cette immobilité absolue.

Pour secouer cette impression de tristesse, je fis une course à travers la campagne jusqu’à la chartreuse de Miraflorès, pleine de souvenirs historiques et de monuments. J’admirai sa chapelle, enrichie de l’or que les premiers découvreurs espagnols apportèrent d’Amérique, je m’extasiai devant les admirables tombeaux de Juan ii et de sa femme Isabelle ; mais je ne me sentis pas consolé.

Le sentiment de ma petitesse et de mon impuissance en face de toutes ces grandes choses m’écrasait.

Je revins à la ville. J’allai voir l’endroit où naquit le Cid, et les os que l’on montre à l’Hôtel-de-ville, et que l’on affirme être ceux du fameux chevalier et de Dona Chimène, sa femme. Je fis de mon mieux pour croire à l’authenticité de ces restes ; et, pour chasser les doutes qui m’assaillaient, je courus au bord de l’Arlanzon où s’étend la promenade de Burgos, dans l’espoir d’y rencontrer beaucoup de Castillans et de Castillanes.

Mais les promeneurs étaient rares, et l’Arlanzon qui baigne Burgos, disent les géographes, était à sec.

Je revins à mon hôtel sans avoir recouvré ma gaieté, et le soir même je partais pour Madrid.