Page:Routhier - À travers l'Espagne, lettres de voyage, 1889.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.


xxxi

LA LITTÉRATURE ESPAGNOLE APRÈS CALDERON

Décadence littéraire. — Influence des lettres françaises, et leurs imitateurs en Espagne. — Ramon de la Cruz. — Ses Saynètes. — L’Héritier extravagant.

Après les esquisses et les analyses que j’ai cru devoir consacrer aux grands poètes dramatiques de l’Espagne, on me demandera sans doute ce qu’est devenue la littérature espagnole quand furent disparus les grands génies qui en avaient fait la gloire.

Pour répondre complètement à cette question, il faudrait posséder plus de connaissances que nous n’en avons. Mais nous croyons pouvoir affirmer, sans crainte de nous tromper, que la décadence littéraire a suivi de près la décadence nationale et politique.

Dans cette éclipse de la gloire espagnole qui correspond au règne de Charles II, la littérature est rentrée dans l’ombre comme la puissance de la nation ; et comme le roi lui-même les grands génies ne laissèrent pas d’héritiers directs et légitimes.

L’Espagne dut emprunter un roi à la France, et en important une dynastie de chez sa voisine, elle importa également les lettres françaises.

Singulier phénomène à observer que ces échanges internationaux ! Au dix-septième siècle, les écrivains français imitaient et même copiaient les auteurs espagnols, et au dix-huitième ce furent les Espagnols qui exploitèrent la littérature française.