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ment. — Je vous connais à présent, je vous connais et je sais que vous abusez de même tout homme qui vient à s’endormir. Vos mensonges ne peuvent plus m’égarer, et je me tiens sur mes gardes, — sachant bien que la vie n’est qu’un songe. »

Les soldats veulent le convaincre qu’il ne rêve pas cette fois, et que, s’il a rêvé auparavant, c’était une annonce en rêve des évènements réels qui vont s’accomplir.

Sigismond.

« Vous avez raison ; c’était sans doute l’annonce de ce qui devait être ; et d’ailleurs, puisque la vie est si courte, ô mon âme, livrons-nous à un nouveau rêve. Mais que ce soit avec prudence, avec sagesse, et de manière à n’en sortir qu’au moment favorable. Le désenchantement sera moindre, dès que nous y serons préparés : car on se rit des inconvénients qu’on a prévus. C’est pourquoi, bien persuadés que même le pouvoir le plus réel n’est qu’un pouvoir emprunté, et doit revenir tôt où tard à celui à qui il appartient, jetons-nous hardiment dans l’entreprise. — Mes vassaux, je vous suis reconnaissant de votre fidélité, et vous aurez en moi un homme dont la prudence et le courage vous délivreront du joug étranger. Que l’on sonne l’alarme et marchons ! je veux vous montrer au plus tôt ma valeur. Dès ce moment, je me soulève contre mon père, et je prétends que mon horoscope s’accomplisse en le mettant à mes