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L’Amiral.

Ah ! sire !

Le Marquis.

Ah ! sire !

Charles V.

C’est assez…… c’est assez…… Rendez grâce à de tels parrains. Je veux bien pardonner ; qu’on détache leurs casques. Donnez-vous l’un à l’autre la main, en signe d’amitié. Vous avez fait vos preuves de valeur ; je veux que cette valeur me soit utile dans d’autres occasions plus glorieuses. »

On voit dans quelles conditions le duel était permis et de quelles précautions on l’entourait pour éviter les malheurs qu’il pouvait causer. Mais ce n’est pas tout, et pour juger mieux encore les mœurs d’alors il faut connaître le dernier mot de la pièce.

Quand les deux champions se sont donné la main, et qu’ils se sont tous deux fiancés avec leurs belles, présentes au combat, Charles-Quint dit au Connétable :

« Connétable, écrivez sur le champ au pape Paul III, qui occupe aujourd’hui le Saint-Siège, que je le supplie de faire condamner par le concile de Trente, actuellement assemblé, cette coutume barbare que les idolâtres nous ont laissée. Je veux que l’abolition des duels date de mon règne, et que celui-ci soit le dernier. »

Calderon mettait volontiers en scène les rois et les grands seigneurs, et leur donnait alors non seulement des leçons de morale, mais aussi des règles de gouver-