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vous combattez pour l’honneur et non pour une vengeance particulière. Qu’on sonne l’Ave Maria.

(Tout le monde se met à genoux. La caisse retentit de neuf coups de baguette, de trois en trois roulements ; tout le monde se relève, et le connétable retourne à son siège.)

Chevaliers, baissez la visière, embrassez vos parrains. Au combat, chevaliers !

Tous.

Allons, chevaliers, que Dieu et votre bon droit vous favorisent.

(On sonne la charge. Le combat commence d’abord avec la hache d’armes, ensuite avec l’épée ; enfin ils se saisissent corps à corps. Le roi jette la verge d’or sur le champ de bataille : les parrains s’élancent sur eux pour les séparer. Les deux champions ne veulent pas céder et cherchent à continuer le combat. Le connétable relève la verge d’or, le roi se lève sur son trône et paraît irrité de leur obstination.)
Le Connétable.

Ils en sont venus à se prendre corps à corps. Le roi a jeté sur le champ du combat sa verge d’or : tout combat doit cesser à l’instant même. Parrains, séparez-les.

Charles V.
(Descendant de son trône)

Qu’est-ce donc ? J’ai déposé la verge d’or ; j’ai pris sur moi la cause de tous deux ; je les déclare bons chevaliers : et leur fureur est telle qu’ils continuent encore ! Qu’on les arrête à l’instant.