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restaurer la façade on l’a gâtée jusqu’au-dessus des portes. Mais, plus haut, subsiste le vieux portail d’où s’élancent les deux clochers ; et l’art gothique y a déployé ses ogives, creusé ses niches, dentelé ses flèches, sculpté ses statues, brodé ses décors, multiplié ses ornements.

C’est un poème dont le premier chant est en prose, le second en vers, et dont les derniers chants atteignent à la poésie la plus sublime.

Les portails latéraux sont moins restaurés, et ont conservé le style fleuri des artistes du xiiie siècle. Mais ce qui est plus admirable encore, c’est la tour octogone du dôme, lançant dans le ciel une gerbe de pyramides et de flèches, au milieu desquelles semble vivre et se mouvoir tout un peuple de statues.

Je le répète, ce temple merveilleux ne déploie à l’œil ravi du visiteur que son couronnement ; mais ce couronnement est un prodige de grandeur et de beauté.

Imaginez une colline, ayant trois sommets en forme de cônes et hérissés de sapins verts ; supposez que ces cônes et leur végétation soient de pierre sculptée, ouvragée, ciselée, et que tous les vides de ce feuillage étrange soient remplis de statues d’anges, de saints, de martyrs, de chevaliers, de guerriers, de moines, de figures mythologiques, de monstres, d’animaux, et vous aurez peut-être une idée imparfaite de l’aspect extérieur de cette cathédrale.

Cependant, il nous semble que l’intérieur est encore plus beau.

Longtemps, nous nous sommes arrêtés sous la coupole, et nos regards éblouis ne voulaient plus s’abaisser.