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Tout cela pique l’intérêt, mais n’exciterait pas d’enthousiasme si l’on n’apercevait au-dessus de cette mer de tuiles rouges qui recouvre Burgos, le dôme et les clochers de la cathédrale, pareils à d’innombrables mâts de navires.

Je me hâte de faire ma toilette pour aller contempler de près cette merveille, et je descends à la salle à manger.

On serait tenté de croire qu’il n’y a pas d’homme dans cet hôtel, car on n’y voit que des femmes ; mais si, il y a un propriétaire, gros, trapu, vulgaire, avec une barbe négligée qui grisonne. Il doit mal parler l’espagnol… puisque je ne le comprends pas. Heureusement qu’on ne le voit jamais, et qu’après s’être montré un instant comme une réalité peu attrayante il a disparu comme un fantôme.

Ce sont des jeunes filles qui nous servent ; pas jolies, mais souriantes, égayées, et avec les yeux flamboyants des Castillanes. Mon langage les amuse, mais je réussis à me faire comprendre et je jouis de leur bonne humeur.

Elles sont pour nous pleines d’égards, de prévenance et d’intelligence. Quand on ne trouve pas le mot espagnol, il n’y a qu’à faire un signe, et elles comprennent. Elles ont même poussé la complaisance jusqu’à trouver avec nous que la note était trop élevée, et que leur maître nous écorchait. N’est-ce pas charmant… et habile ?

Après déjeuner, nous courons à la Cathédrale. Hélas ! elle est entourée de laides constructions qui rendent toute vue d’ensemble impossible, et sous prétexte de