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Rufino.

Serons-nous bien ainsi ?

Le Comte Federico.

Vous en couvrez bien peu, hélas ! Étendez aussi vos bras !

Rufino.

Sommes-nous bien ?

Le Comte Federico.

Oh ! brocards que je trouve plus beaux que tous ceux de soie et d’or ! On fait bien d’appeler la pauvreté une croix, puisque vous êtes crucifiés……… »

Mais la reine arrive au milieu des fanfares et des cris de la foule, elle s’arrête devant ce singulier spectacle, et interroge Federico qu’elle ne connaît pas.

Le Comte Federico.

« J’ai voulu, madame, dépasser les merveilles que Naples déploie en votre honneur ; j’ai suspendu à ces murs les étoffes tissues par mes entrailles ; ce sont les morceaux de mon âme, ou plutôt ce sont des âmes entières, tentures vivantes que le sang de mon cœur a créées ; oui, ce sont des âmes qui servent d’ornements à mes pauvres murs ; je vous les offre, puisqu’il ne reste rien autre chose à vous offrir.

Julia.

Qui êtes-vous ?

Le Comte Federico.

Je suis celui que je n’étais pas.