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fait connaître l’autre condition : « c’est que les Tello n’appelleront plus la sœur du roi infante, mais Elvire de Meneses. »

— « Je tiens ce nom, dit alors fièrement dona Elvire, comme un plus grand honneur que celui de Léon. »

Mais voilà que les Maures deviennent menaçants, et s’avancent contre le royaume de Léon. Mal conseillé et entretenu dans la haine des Tello par don Arias, le roi envoie contre les Maures Tello, le mari de l’infante, avec mille hommes seulement, bien convaincu qu’avec si peu de soldats il se fera tuer.

Mais Tello revient vainqueur, et il dit au roi : Seigneur, je ne dirai pas comme César, je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu ; je dois dire : je suis venu, j’ai vu, et Dieu a vaincu.

Enfin, cette victoire a réconcilié le roi avec les Tello, et il vient les visiter. Il embrasse l’enfant Tello et le fait grand d’Espagne.

Il se rend à l’église où sont suspendus les drapeaux conquis par Tello sur les Maures, et il le complimente sur la beauté de l’édifice :

Le Roi.

Cette église est splendide, Tello, que vous a-t-elle coûté ?

Tello, le vieux.

— Ce que je dépense pour l’honneur de Dieu, je ne le porte pas sur mes livres ; pour tout ce qu’il m’a donné, ce que je lui rends est bien peu de chose, et plus je paye et plus ma dette augmente.