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LE ROI, à part.

Philosophe des champs, ah ! combien plus encore
Je t’envie……

JEAN.

En été, je me lève à l’aurore,
Car c’est mon bon plaisir ; et mon premier devoir
Est d’aller à l’église où j’entends une messe
Que nous dit le curé, qui veut bien recevoir
Mon aumône du jour, suffisante largesse
Pour que nos indigents puissent un peu dîner ;
Après quoi je reviens, tout joyeux, déjeûner.

LE ROI.

De quoi déjeûnez-vous ?

JEAN.

Oh ! d’une bagatelle ;
De deux morceaux de lard dont la graisse ruisselle ;
Au milieu l’on découvre un jeune et gras pigeon,
Ou même quelquefois un honnête chapon.
Si mes fils sont levés, nous causons de la grange,
Et selon la saison, de moisson, ou vendange,
Jusqu’à près de midi ; puis tous trois nous dînons.
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Cette peinture du bonheur champêtre ravit le roi, et il fait entrer Jean dans tous les détails de sa vie journalière. Puis, il l’amène adroitement à lui exprimer ses sentiments à l’égard du roi :

JEAN.

Je suis roi dans mon coin… pourtant, si notre roi
Me demandait mes fils et ma maison… ma foi,
Comptez qu’ils sont à lui, n’importe où je le trouve ;
Je le dis et c’est vrai, qu’il vienne et qu’il m’éprouve :
Il verra qui je suis.