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J’osai lui dire alors : Madame,
Vous ne pêchez que des ingrats :
Si ces poissons avaient une âme
Bien vite ils seraient dans vos bras……


Fort heureusement pour Frédéric toutes ses craintes sont chimériques. Isabelle lui reste fidèle, l’empereur ne fait que s’amuser d’une manière fort innocente, et quand Frédéric se décide enfin à lui avouer son amour, le gracieux souverain met sa main dans la main de la charmante Isabelle.

Suivant la coutume du théâtre d’alors, la comédie se termine par quelques mots adressés à l’auditoire. C’est un des personnages de la pièce qui vient dire sur le devant de la scène :

« Écoutez, mesdames, bien que l’auteur ait donné à notre pièce le titre de ; « Ah ! si les femmes ne voyaient pas ! il souhaite que beaucoup d’entre vous viennent la voir et la revoir ; et qu’en outre elles voient tout ce qui se passe dans le monde : beaucoup de fêtes, beaucoup de noces, de combats de taureaux, de jeux de cannes et de roseaux, les filles beaucoup d’amoureux, les femmes mariées beaucoup de fils, toutes beaucoup de santé, de joie et d’années, enfin tout ce qu’elles aiment, et voilà la fin de notre comédie. »

Il ne faudrait pas s’imaginer que le grand poète traite toujours des sujets aussi légers. Il en aborde souvent d’une grande élévation. C’est ainsi qu’il a tiré une très belle comédie d’un des plus grands événements de l’histoire d’Espagne — la découverte du Nouveau Monde.