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— Est-ce que mon silence ne répondait pas pour moi ? Nous autres femmes, nous parlons en nous taisant, et nous accordons en refusant… Il faut toujours croire le contraire de ce que l’on fait paraître…

Comme vous voyez, ce langage est du dernier galant. Les bergers et les bergères d’aujourd’hui ne diraient pas mieux… et ils feraient pire.

Une autre comédie plus agréable encore a pour titre : « oh ! si les femmes ne voyaient pas ! » Ce titre ne signifie pas que le poète voudrait voir les femmes aveugles ; et les hommes seraient les premiers à se plaindre si les femmes n’avaient pas d’yeux. Mais il est d’avis qu’elles sont trop curieuses, et qu’elles font souvent un mauvais usage de leurs yeux.

Isabelle, fille du duc Octavio, vit avec son père dans un château entouré de forêts. Frédéric, favori de l’empereur Othon, l’aime et en est aimé. Il vient souvent la voir, mais il a soin de ne révéler à personne la solitude qu’elle habite.

Un jour, l’empereur décide qu’il ira faire la chasse dans la forêt, et Frédéric a peur qu’il ne découvre son trésor caché. Il va en prévenir Isabelle, et la prie de se tenir renfermée.

Il la trouve portant un chapeau à plumes et un fusil à la main, prête à partir elle-même pour la chasse. En le voyant venir elle se cache derrière un arbre, puis se montrant soudain elle lui crie :


Rendez-vous tous !

FRÉDÉRIC

À qui ? déesse !

ISABELLE

À l’amour