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Volved los ojos à mirarme hermanos
Que por las sendas de mi error siniestras
Me despeñaron pensamientos vanos.



No sean tantas las miserias nuestras
Que à quien os tuvo en sus indignas manos
Vos le dejeis de las divinas vuestras.

C’est ainsi qu’après sa vie orageuse l’autel est devenu le refuge de Lope, et sa consolation. Mais la poésie resta son occupation favorite, et sa fécondité fut inépuisable. Poèmes épiques, poésies lyriques, pastorales, sonnets et chansons, il a cultivé tous les genres, et le nombre de ses pièces de théâtre s’élève au chiffre fabuleux de quinze cents !

Quel que fut son génie merveilleux, on comprend facilement qu’il n’a pu accomplir une œuvre aussi colossale sans négliger la forme et sans fouler aux pieds les règles de l’art. Il le reconnaît lui-même, et voici comment il s’en excuse :

« Les étrangers sauront qu’en Espagne les comédies ne suivent pas les règles de l’art. Je les ai faites comme je les ai trouvées ; autrement elles n’auraient pas été comprises. Ce n’est pas, grâce à Dieu, que j’ignore les préceptes de l’art ; mais celui qui les suivrait serait sûr de mourir sans gloire et sans profit… J’ai parfois écrit selon l’art, que fort peu connaissent ; mais quand d’autre part, je vois les monstruosités où courent le vulgaire et les femmes, je me fais barbare pour leur usage… En conséquence lorsque je dois écrire une comédie, j’enferme les règles sous six clefs, et je mets dehors Plaute et