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et je proclame qu’ils font leur devoir avec toute la rigueur de sentinelles vigilantes. Ils y mettent même une solennité et une lenteur fort ennuyeuses pour les voyageurs. C’est avec des poses pleines de dignité consciencieuse, qu’ils plongent les mains dans tous les coins de toutes les malles.

Un voyageur, qui avait une boîte à chapeau d’une profondeur insondable, et remplie de mille choses qui ne servent pas à couvrir la tête, dût la vider entièrement ; et le douanier fouilla dans le chapeau jusqu’au fond sans pouvoir rien trouver… pas même le fond.

Il y a une chanson basque qui fait une jolie critique des douaniers espagnols :

 « Le gouvernement possède,
Oui, des serviteurs fidèles,
Et il les paie
Sans parcimonie,
S’il savait cependant comment eux-mêmes
Se servent les premiers,
De tels hommes
Ils feraient regorger les prisons.

 
 

Gourmands comme des poêtes,
Ils sont pour dire le vrai
Prêts à se plier à tout
Pour un dîner. »

Irun est pittoresquement situé aux bords de la Bidassoa, rivière très petite mais bruyante qui ouvre ses deux bras pour embrasser l’Île des Faisans. C’est dans cette île que le grand peintre espagnol, Vélasquez, éleva, en 1660, un pavillon où Louis xiv vint recevoir des mains de Philippe iv sa royale fiancée, Marie Thérèse.

Nous passons Fontarabie, bâtie sur une colline et qui a tout-à-fait l’aspect d’une ville espagnole : des rues