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Dona Violante.

Eh bien, placez-lui un écriteau sur le dos, ou donnez un réal au crieur, il la trouvera, fût-elle mince comme une aiguille ; et, après, vous lui mettrez les entraves pour qu’elle ne se sauve plus.

Don Juan.

Je crains qu’une gitana qui vint hier ne me l’ait dérobée.

Dona Violante.

Les gitanas sont méchantes.

Don Juan.

Et si c’était vous ?

Dona Violante.

Eh ! arri, parlez avec mesure ; j’entends peu aux lignes et ne suis pas sorcière.

Don Juan.

C’est votre beauté qui l’est, et vous êtes la gitana qui pouvez me dire ma bonne aventure.

Dona Violante.

Je serais bien sotte de vous la dire ; comment pourrais-je vous prédire du bonheur, moi qui n’en ai pas ?

Don Juan.

Vous êtes charmante.

Dona Violante.

Va-t-on descendre pour le pain ?