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Pour donner une idée de cette pièce et du style de l’auteur, je ne crois pas pouvoir mieux faire que d’en reproduire toute une scène :

Don Juan, Dona Violante
Déguisée en fille de boulanger et portant du pain.
Don Juan.

Vous êtes bienvenue comme la pluie en mai, comme le soleil en janvier, comme la lune dans son croissant qui réjouit le voyageur, lui montre son chemin et lui fait éviter les périls.

Dona Violante.

Votre Grâce était là ? Vous vous êtes donc levé bien matin ?

Don Juan.

Le corps oui, mais l’âme depuis hier, est à votre recherche.

Dona Violante.

Vous avez une âme chercheuse !

Don Juan.

Et si elle trouve ce que je désire, je me flatte qu’elle sera bien récompensée.

Dona Violante.

Qu’avez-vous perdu ?

Don Juan.

Des choses précieuses : la liberté qui s’en est allée de ma maison, et qui, comme un petit enfant, pleure sans retrouver son chemin.