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quitte-cheveux. Il rendrait chauve un frère lai. Celles qu’il oblige à aimer ne portent-elles pas des noms qui tous finissent en quitte : Franscisquitta, Mariquitta, etc. ? En effet, toutes nous font quitter quelque chose ».

Molière paraît avoir apprécié beaucoup cette comédie de Moreto, car il n’a fait que la parodier dans la princesse d’Élide.

Nous sommes arrivés aux trois grands poètes dramatiques qui ont fait la gloire de l’Espagne, Tirso de Molina, Lope de Vega, Calderon de la Barca ; nous croyons devoir consacrer à chacun d’eux quelque chose de plus qu’une esquisse en quelques lignes.

Mais ce que nous en dirons sera encore trop peu. Car ce sont trois génies de premier ordre, qui ont précédé les grands poètes de la France du dix-septième siècle, et qui ne leur ont rien emprunté. Leurs créations sont originales, et imprégnées d’une sève vraiment nationale. Elles sont remarquables par la noblesse des sentiments et des caractères, et par la poésie toujours luxuriante d’images et de fleurs.

Leurs œuvres sont une mine que la France et l’Italie ont exploitée, mais qui contient encore bien des richesses ignorées.