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Il avait d’abord fait les pauvres. » À combien de riches philanthropes ce mot s’applique ! Combien qui à la fin de leur vie soulagent des misères qu’ils ont eux-mêmes créées.

Écoutez ce conseil aux jeunes filles : « il ne faut pas voir dans un homme seulement sa beauté et sa grâce. La noblesse, voilà la beauté, le savoir, voilà la grâce d’un homme. L’extérieur n’est que le trésor des filles sans cervelle. Aussi le plus souvent s’éprennent-elles d’un âne d’or. »

Lisez cette autre à l’adresse des femmes mariées : « un mari laboureur honore plus qu’un amant royal. » Je reconnais toute la supériorité du duc, mais si je suis trop petite pour être sa femme, je suis trop grande pour être sa maîtresse. » 

Don Agostino Moreto vint après Alarcon, quoiqu’on ne sache pas exactement l’époque de sa naissance.

En 1657, il était prêtre, et habitait la maison du cardinal Moscoso à Tolède. C’est là qu’il se lia avec Lope de Vega, Calderon et d’autres poètes, tous protégés par le cardinal. Quelle belle société possédait alors cette admirable ville de Tolède !

Les plus remarquables pièces de Moreto sont : le beau don Diego, le Vaillant Justicier, le Riche homme d’Alcala, et Dédain pour dédain.

La trame de cette dernière comédie est assez originale, quoique le sujet en soit vieux comme le monde. Car depuis la première scène jusqu’à la dernière tous les personnages ne sont mus que par un sentiment, l’amour, et ils ne parlent pas d’autre chose. Qu’est-ce que