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y a analogie dans les situations, dans les personnages et même dans les idées

Juan Ruiz Alarcon y Mendoza était né au Mexique, et l’on ne connaît presque rien de sa vie. On ne paraît pas avoir rendu justice à son génie pendant qu’il vivait. Le succès tient à si peu de chose que c’est peut-être parce qu’il était bossu et de petite taille.

Il écrivit plus de vingt comédies dont les principales sont : le tisserand de Ségovie la vérité suspecte, l’examen des maris, et les murs entendent.

Alarcon a été non seulement imité, mais plagié par Corneille, qui avait pourtant assez de génie pour créer de lui-même. Il y a des scènes du Menteur qui ne sont que des traductions de la Vérité suspecte.

Mais d’autres que Corneille se sont aussi inspirés du poète espagnol, et je soupçonne fort M. de Villemessant de lui avoir emprunté une aventure galante qu’il raconte dans ses Mémoires d’un journaliste.

Alarcon a écrit aussi un Don Juan ; mais ce n’est pas un séducteur de femme comme celui de Tirso de Molina et de Molière. C’est un modèle d’honneur, de véracité, de constance, et c’est à force de vertu qu’il réussit à se faire aimer de dona Anna.

Toute sa comédie Les murs entendent est charmante. C’est une étude de mœurs et de caractères d’une grande fidélité, d’une moralité irréprochable, et pleine d’esprit. Molière et Beaumarchais n’ont fait guère mieux comme comédie, et ils ont fait plus mal comme morale.

Nous cueillons ces traits au hazard : « un régidor de la ville a fait construire un hôpital pour les pauvres :