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En ce moment Alonzo et Dionis se réveillèrent, et tous deux d’un même cri demandèrent leur père. Inez s’attendrit en les entendant. Soit amour, soit jalousie elle obscurcit ses deux ciels par des larmes. Au milieu de cette pluie étrangère ses cils devinrent des chapelets de perles ; dans ses beaux yeux les perles se changèrent en papillons, qui s’enflammant se transformèrent sur les paupières en une grêle d’étoiles. »……

Abrégeons ce récit pittoresque de Brito, et disons, qu’après avoir lu la lettre de son prince Inez lui répondit, et que pendant qu’elle écrivait, une âme tombait avec chacun de ses pleurs.

Comme on le voit c’est le genre des « Précieuses » mais c’est au bouffon que le poète prête ce langage, et nous devons reconnaître qu’il fait preuve d’une imagination riche et brillante.

Le goût du maniéré était alors très répandu, et les sentiments des chevaliers espagnols étaient sujets à l’exaltation. En réalité, c’est donc une espèce de parodie des sentiments et du langage de son maître que nous venons d’entendre de la bouche du bouffon, et comme critique du genre cette page nous semble fort réussie.

Francisco de Rojas a été l’un des grands dramaturges de l’Espagne. Il vécut au commencement du dix-septième siècle et plusieurs poètes dramatiques de la France, Rotrou, Thomas Corneille, et Scaron l’ont imité.

Don Garcia est son plus beau drame, et Victor Hugo, dans Hernani, paraît en avoir eu des réminiscences. Il