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L’Église mit des entraves à l’introduction du théâtre, et vers 1568 il fut réglé à Madrid que les acteurs ne pourraient jouer dans cette ville que dans deux endroits désignés par deux confréries religieuses, et moyennant une redevance qui serait payée à ces confréries.

Ces représentations avaient lieu le jour, dans des cours sans toiture, et les femmes y avaient une place séparée des hommes.

Les auteurs dont les pièces furent ainsi représentées étaient Argensola, Alonzo de la Vega, et de Cisneros. Puis vinrent Juan de la Ceneva, Romero de Zepeda, Christoval de Viruès et Cervantès dont les comédies ne paraissent pas avoir obtenu un très grand succès.

Les dramatistes qui suivirent méritent que nous leur consacrions quelques pages.

Luis Velez de Guevara né vers 1570 dans l’Andalousie, et dont la vie est très peu connue, a écrit quatre cents comédies et drames qui obtinrent beaucoup de succès.

Un très petit nombre sont venus jusqu’à nous. Le roi est plus qu’un fils, est un de ses drames émouvants dans lequel un chef militaire préfère sacrifier son fils que de rendre aux Maures la ville de Tarifa.

C’est le même auteur qui a dramatisé la touchante histoire d’Inez de Castro dans la Reine morte.

Inez à épousé secrètement le prince héritier du royaume de Portugal, mais elle n’est pas de sang royal, et les intérêts du royaume exigent que le prince épouse dona Blanca, infante de Navarre. Il ne l’aime pas, et il adore Inez ; mais le roi et ses conseillers sont inflexibles et ont décidé que le prince épousera Blanca. Ce mariage