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je comptais y trouver, j’ai rencontré des compensations dans mon voyage réel.

Je n’ai pu tourner le dos à la Méditerranée sans regret ; mais j’ai revu avec bien du bonheur les villes que j’avais traversées en 1875 : Arles et Nîmes avec leurs superbes ruines ; Carcassonne avec ses merveilleuses murailles et ses tours féodales ; Toulouse, et surtout Lourdes, la ville aimée de la Vierge Immaculée.

Les pèlerins accourent toujours par milliers à la grotte miraculeuse, et le 8 décembre, une foule immense, venue de Tarbes, de Lûchon, de Pau et des environs encombrait la ville. C’est avec une peine infinie que nous avons pu pénétrer dans l’église, bâtie sur les roches Massabielle. Trois messes solennelles y furent célébrées, à la suite l’une de l’autre, pour satisfaire la piété des fidèles, mais à chaque fois l’église s’est trouvée trop étroite.

J’y ai entendu un sermon magnifique de l’archevêque de Tarbes. À un moment donné, l’orateur sacré, répondant aux incrédules, s’est écrié : « On a osé dire que l’apparition de la sainte Vierge à la grotte de Massabielle est un rêve ! Un rêve, qui fait jaillir du rocher des fontaines inépuisables, qui élève jusque dans les nues d’admirables basiliques, et qui attire des extrémités du monde des millions de croyants. Un rêve, soit ; mais c’est un rêve de Dieu poursuivant l’accomplissement de ses desseins sur le monde, et l’effusion de ses miséricordes sur la France ! »

Les processions des pèlerins allant de la ville à l’église et de l’église à la grotte, bannières déployées, et chantant des hymnes et des cantiques, ont présenté le spectacle le plus grandiose et le plus émouvant.