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Les titres mêmes de certains drames montrent qu’on y traite souvent des questions de casuistique et de dogme. Ainsi Tirso de Molina, dans le Damné pour manque de foi, s’efforce de démontrer que celui qui vivrait dans le désert et la pénitence, mais qui ne croirait pas, serait damné, tandis que celui qui aurait des faiblesses et qui croirait serait sauvé.

Un auteur espagnol contemporain a traité le même sujet sous ce titre : le méchant apôtre et le bon larron.

Nous retrouverons dans la suite de cette étude d’autres drames sacrés traitant des sujets théologiques : et la chose s’explique quand on sait que les plus grands dramaturges de l’Espagne ont été des prêtres et des religieux.

Il faut remonter à la fin du quinzième siècle pour trouver les premiers essais du théâtre profane en Espagne. Encore faut-il ajouter que la première pièce dramatique, connue sous le nom de Célestine, n’a jamais été jouée.

Elle est de 1480, et contient vingt et un actes bien dialogués. Les critiques affirment qu’elle est pleine d’intrigue et de mouvement, et supérieure à tout ce qui se publiait alors dans les autres pays.

En 1492, des compagnies d’acteurs s’étaient formées, et représentaient dans les palais et les châteaux des pièces dont l’auteur était Juan de la Enzina.

Les représentations publiques ne paraissent avoir commencé qu’après 1544, avec les comédies de Lope de Receda, qui était lui-même acteur.