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Il y a bien d’autres romances appartenant soit à l’histoire d’Espagne, soit au cycle carlovingien qui mériteraient d’être citées. Je ne puis que mentionner celles des sept infants de Lara et du Maure Calenos.

Mais il y a un autre recueil désigné sous le titre de romances chevaleresques détachées, dont l’inspiration appartient à la poésie populaire, et dont la lecture est pleine de charmes. J’en veux détacher une qui fera juger du genre.

LE MARINIER.

Au bord de la mer il y a une jeune fille qui brode d’un mouchoir la fleur la plus belle. Quand il fut à moitié brodé la soie lui manqua. Elle vit venir un brigantin et dit : Holà ! la voile, marinier, bon marinier, avez-vous de la soie ? — De quelle couleur la voulez-vous ? Blanche ou Rouge ? — Rouge je la veux parce qu’elle est plus fine, rouge je la veux parce que c’est pour la Reine. — Entrez dans mon vaisseau. Quand elle fut dans le navire, le navire mit à la voile. Le marinier commença à chanter une chanson nouvelle. Au chant du marinier, elle s’est endormie. Au mouvement de la mer, elle s’est éveillée. Quand elle se réveille elle se trouve loin de la terre. — Marinier, bon marinier, conduisez-moi à terre, car les vagues de la mer me font mal. — C’est ce que je ne ferai pas, vous resterez avec moi. — De trois sœurs que nous sommes, je suis la plus belle. L’une est mariée à un duc, l’autre est comtesse, et, moi