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Pendant ce temps-là, don Roland, couvert des armes et des habits du guerrier maure, se rendit jusqu’auprès du roi musulman, raconta qu’il avait tué Roland, fut reçu avec beaucoup d’honneur, et demanda des guerriers pour aller combattre les douze pairs de France. Le roi lui accorda ce qu’il demandait, et Roland revint avec eux jusqu’aux portes de Paris, où il provoqua les douze pairs. Un jour fut fixé pour le combat, et la bataille fut terrible ; mais les maures étaient nombreux et les douze pairs furent faits prisonniers.

Du haut de son palais l’empereur a tout vu, et il est accablé du déshonneur des douze. Il se rappelle alors don Renaud, le meilleur des bons, qui est resté à l’écart dans Montauban parce qu’on l’a accusé injustement. L’empereur envoie vers lui, et lui mande de venir défendre la majesté royale parce qu’en France personne ne lui est supérieur. Renaud accourt, et va combattre le vaillant Sarrasin. Aux premières rencontres les cousins se sont reconnus à leur façon de combattre, ils ont laissé tomber leurs armes et se sont embrassés avec grande affection. Alors Roland réunit ses guerriers maures, et leur dit qu’il serait honteux de combattre tous ensemble un homme seul, et il leur propose de combattre lui-même du côté de Renaud. La chose est acceptée, et les deux paladins français tuent tant de Maures que c’est merveille à voir. Les douze pairs sont délivrés, et Roland va retrouver sa fiancée, qui pleure de joie. L’empereur va à sa rencontre avec toute sa chevalerie, et les réjouissances que l’on fit ne se pourraient raconter.