Page:Routhier - À travers l'Espagne, lettres de voyage, 1889.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 184 —

Aux quatrième et cinquième siècles, l’Église d’Espagne est déjà florissante, et les conciles se succèdent à Tolède avec un grand éclat.

Saint Augustin fait l’éloge de ses évêques, qui entretenaient des relations constantes avec Rome, et avec l’Église d’Afrique, laquelle comptait alors plus de trois cents évêques.

Quand les Visigoths envahirent l’Espagne, ils trouvèrent l’Église toute préparée à les convertir, et ils ne se montrèrent pas trop récalcitrants. C’est cette influence puissante de l’Église, en Espagne, qui explique la large part du latin dans la formation de la langue espagnole.

Sous la domination des Goths paraissent saint Hildephonse, dont la mémoire est encore vénérée à Tolède, et qui composa un grand poème en honneur de la virginité de Marie, puis saint Eugène qui écrivit un savant ouvrage sur la Sainte Trinité.

À cette époque on écrivait encore en latin. Mais un double courant se manifestait, et la littérature s’engageait graduellement dans une voie originale, nationale, espagnole enfin. Elle entrait dans ce travail d’assimilation des éléments barbares, d’où devait sortir la langue moderne.

Cette transformation fut cependant bien lente, et exigea des siècles. Car après le latin, dont l’influence survécut même à la domination des Maures, l’arabe, importé par ces derniers, se répandit dans les classes éclairées, qui, tout en restant chrétiennes, se prirent à admirer la science et la poésie orientales.