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siècles, et qui sont remarquables par leur sagesse. La magna charta dont l’Angleterre est si fière paraît avoir été copiée des anciens fueros espagnols.

À mesure que les Musulmans s’affaiblissaient par les défaites et par les luttes intérieures, Dieu suscitait parmi les peuples chrétiens de la Péninsule de grands hommes de guerre et de grands rois.

Ce fut d’abord don Jayme, roi d’Aragon, qui s’empara des îles Baléares, de Valence et d’autres contrées. Puis, vint Ferdinand III, ou saint Ferdinand, qui fit la conquête de Séville et des territoires voisins.

Les temps qui suivirent malheureusement furent troublés par des dissensions, et, comme les émirs, les princes chrétiens donnèrent souvent le spectacle de luttes fratricides.

Il faut descendre jusqu’à la fin du quinzième siècle pour trouver un règne vraiment glorieux, et des rois en tous points dignes du nom chrétien, dans Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille.

C’est alors que les Maures furent enfin chassés de l’Espagne pour jamais, et que le Nouveau-Monde fut découvert par Christophe Colomb. C’est sous le règne de ces rois que l’Espagne devint la première puissance du monde ; et elle grandit encore sous Charles-Quint et sous Philippe II.

Elle embrassait sous ce dernier roi « toute la péninsule ibérique, les Baléares, les Pityuses, la Sicile, la Sardaigne, Naples et presque toute l’Italie, le Roussillon, la Franche-Comté, les Pays-Bas, une grande partie de la côte septentrionale de l’Afrique, les deux Améri-