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Ville maritime fort animée, trop moderne, Barcelone nous paraissait un peu cosmopolite ; mais déjà ce n’était plus la France. C’était l’Espagne, avec ses vieilles cathédrales, ses vieux châteaux, ses cloîtres, ses femmes voilées et en mantilles.

Puis, nous courrions à Tarragone, admirablement située au bord de la mer, qu’elle contemple du haut de ses bastions crénelés. Nous y retrouvions des ruines et de vieux souvenirs de l’époque romaine et de la période mauresque. Nous visitions l’antique cathédrale, le vieux cloître avec ses longs promenoirs circulant autour d’un parterre embaumé, sous une série d’arceaux appuyés sur la plus élégante colonnade. Végétation luxuriante, air doux, ciel ensoleillé, guitares et castagnettes, voilà ce que mon imagination me montrait partout.

Avant de partir pour Tarragone, nous allions visiter Mont-Serrat.

Quelle apparition fantastique ! Un groupe de rochers échelonnés en pyramide, dressant vers le ciel des milliers de clochetons, d’arêtes, de tours et de pinacles ! Était-ce une forteresse, une cathédrale, un château ou un cloître ? C’était tout cela à la fois dans des proportions merveilleuses ; et de ces hauteurs où nous, éprouvions la sensation du voisinage du ciel, nous contemplions à nos pieds la mer immense, miroir de l’infini.

Un jour, c’était vers l’an 1526, l’on vit arriver au monastère de Montserrat, un jeune officier blessé. Il avait longtemps combattu, pour son roi, Ferdinand le Catholique, et il venait de défendre vaillamment Pam-