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les Musulmans ne purent conquérir toute l’Espagne, et pendant tout le temps qu’ils furent les maîtres du midi, ils eurent à combattre les agressions constantes des peuples de la Castille et des Asturies.

Lorsque les Musulmans envahirent l’Espagne, les rois Goths s’étaient laissés amollir par la corruption, tandis que les fils du Prophète étaient dans toute la vigueur de la jeunesse, et dans tout le zèle des croyances nouvelles. C’est pourquoi les Goths ne purent pas résister à leurs redoutables ennemis.

Un siècle cependant ne s’était pas écoulé, que la race primitive qui n’avait jamais été noyée reparut ; et sous les ordres de Pélage, elle commença héroïquement l’œuvre de l’émancipation nationale.

Il se mêle à cette partie de l’histoire d’Espagne beaucoup de légendes et de traditions ; mais le fond de ces légendes est historique. L’époque qui suit est celle des grands califes de Cordoue que traverse comme un météore l’épée flamboyante du Cid. Il y a eu des écrivains qui ont révoqué en doute l’existence même du Cid. Ils appartiennent à cette classe d’hommes qui ont la manie de tout niveler, de supprimer les héros dans l’histoire et de les reléguer dans la poésie et la légende. Race détestable de pygmées, qui voudraient réduire les grands hommes à leur propre taille, et éteindre ces phares qu’ils n’osent pas regarder en face.

Grâce aux historiens arabes, la gloire du Cid est dorénavant certaine, et elle appartient à l’histoire.

Tout d’abord, il semble étrange que ce soient les Arabes qui aient sauvé la vérité de l’oubli, quand il s’agit