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avaient des idiomes différents, des coutumes et des lois hétérogènes, et il fallut des siècles pour fondre ensemble ces éléments divers ; mais les facteurs de l’unité espagnole ont été ces trois esprits que nous venons de nommer.

L’esprit religieux fut toujours très vivace en Espagne, dès que le Christianisme y put pénétrer, et dès le sixième siècle on y pouvait compter les hommes les plus éminents par leur science et leur vertu.

On s’étonne aujourd’hui du nombre des conciles tenus à Tolède, qui était alors le centre d’activité de l’Espagne, et la résidence des rois Goths ; mais, ce qui étonne encore davantage, ce sont les décrets de ces conciles qui forment une véritable législation des plus remarquables.

Ce qui préserva et rendit plus vivace qu’ailleurs l’esprit religieux, ce fut la lutte qu’elle eut à soutenir d’abord contre l’arianisme, ensuite contre le judaïsme, et plus tard contre les disciples de Mahomet. Ces siècles de combat forcèrent le clergé à devenir savant, et à donner l’exemple de la sainteté.

L’esprit monarchique fut un autre facteur de la grandeur de l’Espagne. C’est lui qui concentra les forces nationales, qui dompta les minorités turbulentes, et qui rapprocha les classes sociales, pour ne former qu’un seul peuple.

L’indépendance enfin fut une des nécessités du peuple espagnol. Toujours il résista à l’oppression, et l’on ne vit jamais les classes populaires subir, soit de la part des grands, soit de la part des rois, cette espèce de servitude