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d’un observatoire. Le panorama qui se déroule alors à nos yeux est unique dans l’univers. Car nous sommes suspendus entre ciel et terre, et d’un seul coup-d’œil nous embrassons deux océans et deux continents. Nulle part au monde je n’ai vu dans la nature un spectacle aussi majestueux. Il nous semblait que nous approchions de l’infini, et que le vertige nous gagnait.

Des sentiers, bordés de myrtes et de palmiers nains, nous permettent de parcourir le promontoire dans presque toute sa longueur, et nous continuons d’admirer le merveilleux spectacle. Mais le soleil qui se retire de la scène en jetant sur les nuages d’immenses lambeaux de pourpre et d’or, nous force à redescendre vers la ville qui est déjà noyée dans l’ombre.

Les portes en sont déjà fermées ; mais nous réussissons à nous les faire ouvrir, et quand nous rembarquons à bord du navire, il fait nuit depuis longtemps.