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autres, mais il plaidait force majeure : avec la tempête que nous avions il ne pouvait pas exposer son navire dans une rade aussi mauvaise que celle d’Algéciras.

Une idée me vint tout à-coup. C’est qu’en allant jusqu’à Malaga, nous y trouverions le paquebot français que nous devions prendre le lendemain à Gibraltar pour aller à Tangers, et que nous pouvions ainsi visiter Gibraltar en revenant de Tangers, sans avoir besoin d’arrêter à Algéciras.

Je me décidai dès lors à filer jusqu’à Malaga ; mais je dis au capitaine qu’il aurait à nous transporter et à nous nourrir d’Algéciras à Malaga, gratuitement. Il y consentit, et nous restâmes à bord. Quand nous arrivâmes à Algéciras, le vent était tombé, et la rade était calme ; mais le capitaine ne nous offrit pas d’arrêter, et nous le laissâmes filer, tout joyeux de penser que la compagnie, qui avait cru nous attraper, était, sans le savoir, plus attrapée que nous.

C’est pour les futurs voyageurs en Espagne que je raconte cet incident, et je leur recommande trois choses importantes : bien connaître d’avance l’itinéraire à suivre, se défier des renseignements insuffisants qu’on donne dans les bureaux, apprendre assez d’espagnol pour se faire comprendre des cochers, et des employés des chemins de fer et des paquebots.

De Cadix à Gibraltar, le steamer longe les côtes d’Espagne qui sont des plus pittoresques.

Après avoir dépassé le cap de Trafalgar, qui rappelle la gloire de Nelson et l’une des plus mémorables batailles navales dont l’histoire fasse mention, nous