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courir les unes après les autres entre les rochers comme d’alertes bambins autour de leurs bonnes. »

Le lendemain, nous parcourons les rues de la ville. Elles sont propres, bien pavées, droites et bordées de maisons toutes blanches, où sont accrochés des milliers de balcons peints qui forment un vrai décor.

Les maisons se terminent par des terrasses, couronnées de cheminées chargées d’ornements, de petits dômes, de créneaux fantaisistes et de jardinières.

C’est pittoresque, mais uniforme, et après une heure de promenade on soupire après la variété, et l’on finit par trouver que c’est trop blanc. « Pour en donner une idée, suivant le mot d’un touriste, il n’y aurait rien de mieux que d’écrire mille fois de suite le mot « blanc » avec un crayon blanc sur un papier bleu, et de mettre en marge : Impressions de Cadix. Cadix est un des plus gracieux et des plus extravagants caprices humains, »

« Une masse de pierre blanche, écrit Fernan Caballero, immobile au milieu d’une masse d’eau bleue toujours en mouvement… Sous son élégance étrangère on reconnaît la grâce andalouse et la vivacité méridionale. Joyeuse comme le ciel qui la couvre, active comme la mer qui l’entoure, brillante comme le soleil qui l’éclaire, animée comme une femme du monde, plaisante comme une jeune fille riche et jolie, personne ne sait mieux orner de fleurs et d’or le caducée de Mercure. »

C’est qu’en effet Cadix est une ville commerciale et qui aime l’argent, je veux dire qu’elle était la ville du commerce et des affaires ; mais elle ne l’est plus guère,