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Il espère pouvoir, dès le mois de mai, diriger vers le Nord-Ouest plusieurs milliers d’émigrants, grâce à son initiative personnelle.

Il garde le meilleur souvenir des Canadiens, et rêve pour nous un brillant avenir.

Grâce à sa recommandation, j’ai reçu à l’ambassade d’Angleterre, à Paris, l’accueil le plus bienveillant, et lord Lyons m’a remis une lettre pour le ministre plénipotentiaire anglais au Caire, dans la prévision que je me rendrais en Égypte. L’ambassade anglaise est princièrement installée tout près de l’Élysée, et l’on n’arrive jusqu’à Son Excellence qu’en traversant une suite de salons somptueusement meublés.

Lord Lyons m’a paru fort alarmé des nouvelles récemment arrivées d’Égypte ; mais les Français ne croient guère à la sincérité de ses alarmes. Ils soupçonnent que notre mère-patrie exagère le danger pour se justifier de maintenir ses troupes nombreuses en Égypte, et pour conquérir finalement ce pays.

Le froid, le vent et la pluie m’ont bien vite chassé de Paris, et je n’ai retrouvé qu’en Provence le beau ciel bleu et le soleil. C’est avec un vrai plaisir que j’ai revu Marseille, et même les Marseillais.

Il y faisait un peu froid, et le mistral soufflait avec violence, mais le ciel était pur, et les chauds rayons du soleil riaient dans l’éternelle verdure des gazons et des charmilles, sur le Prado et dans le jardin de Longchamp.

Je me proposais de me rendre par mer de Marseille à Barcelone ; mais j’ignorais jusqu’à quel point l’Espagne