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CADIX

La Campagne. — Chant de muletiers. — Proverbes. — Don José Gonzales de Tejada. — L’origine de la presse. — « Chacun approrte le charbon de son pain » — L’Alameda. — Cadix.

Nous sommes déjà loin de Séville, mais nous en causons encore, et de temps en temps nous voyons émerger au-dessus de la plaine la superbe Giralda, et sa statue de la Foi qui étincelle au soleil.

La campagne est toute verte ; et quoique nous soyons en janvier, les jardins potagers sont couverts de légumes appétissants. Quand nous songeons que notre pays est enseveli sous quatre ou cinq pieds de neige, notre patriotisme est soumis à une rude épreuve.

Les paysans, épars dans les champs, travaillent aux semailles. Une longue file de mules s’allonge au versant d’une colline, et les muletiers couchés sur leurs montures chantent une romance andalouse dont je me fais traduire un couplet par un voyageur, et que je versifie :

Le ciel possède le clarté,
La mer contient le corail rose ;
Les fleurs étalent leur beauté,
Mais en toi je vois toute chose.